Entrevu dans deux films précédents de Christian Rouaud, Dédé Le Meut devient le « personnage principal » de ce documentaire. En Bretagne où il est né, il partage son temps à collecter et faire connaître la culture orale du Morbihan. Il part à la rencontre de ceux qui la détiennent encore, l’enregistre et l’offre à la disposition du public. Par ailleurs virtuose de la bombarde, ce breton et fier de l’être est une tête chercheuse auprès d’autres musiciens et dans les fest-noz, les églises et les salles de concert. Grand, efflanqué, embarrassé de lui-même, il arpente le film de sa démarche saccadée mais s’en sort toujours avec le sourire.
LA CRITIQUE LORS DE LA SORTIE EN SALLE DU 30/10/2013
Il marche comme s’il était monté sur ressorts et parle à toute vitesse. Quant à son visage, parcouru de tics, il est aussi changeant qu’un ciel breton. Regarder bouger André Le Meut, sonneur de bombarde (un instrument à vent de la famille du hautbois) réputé, c’est comme voir Tati ressuscité, ou plutôt cet attachant échalas de M. Hulot. S’il est tout de même moins inadapté (et plus conscient de son corps burlesque), Dédé est aussi désintéressé : dans son Morbihan natal, il cultive le bonheur de transmettre son art, et sauve de l’oubli des centaines de chansons traditionnelles issues de la transmission orale.
Christian Rouaud, le documentariste inspiré de Tous au Larzac ou des LIP, semble délaisser l’histoire des grandes luttes collectives pour brosser le portrait d’un homme. A rebours du régionalisme, il puise dans la démarche généreuse de Dédé une matière universelle. Une occasion de parler de ce qui nous touche tous, d’où qu’on vienne : la culture populaire.

Mathilde Blottière
Télérama I 30 octobre 2013