Avec Dédé nous donne à voir le musicien sous tous les angles. Sur scène, à la maison, en répétition, chez de vieux passeurs de chansons du terroir… Dans son quotidien bien rempli, en bref, éclairé par de rares discours un peu maladroits et pleins d’autodérision. Christian Rouaud l’a compris, l’engagement de Dédé se passe de mots. Ses airs de bombarde festifs ou majestueux, son souci de transmission d’un savoir puisé auprès des anciennes générations et sa disponibilité pour tout et pour tous sont plus éloquents que n’importe quel bavardage.
 
Souvent, le grand corps de Dédé se perd un peu dans toute cette activité. Il s’empêtre dans des obstacles invisibles comme sa langue butte sur les mots. Ces accrocs, le réalisateur les filme avec tendresse. Sans eux, Dédé ne serait pas le héros du quotidien, le prodige de la bombarde tout entier voué à l’harmonie entre les siens. Car dans le souffle de Dédé, c’est sûr, il y a de l’utopie. De l’utopie réalisable, comme on dit, telle que les aime Christian Rouaud qui, avant son sonneur de bombarde, s’est collé au Larzac et à la grève des usines LIP à Besançon.
 
Anaïs Heluin
Mondomix I 29 octobre 2013